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dialogue en gras
Dans l'enfance, l'exemple peut tout
La gamine s'empara d'une des chaises qui entouraient la table au milieu de la pièce et traîna celle-ci sans se soucier du bruit assourdissant que ce geste engendrait. Si celui-ci pouvait déranger son père, elle en serait des plus fières. Comme l'avait relevé son géniteur, les gouttes de pluies s’abattaient contre la vitre à intervalle régulier, ce qui ne fit qu’amplifier sa frustration. Elle ne pouvait nier les propos qu'il avait utilisés pour l’empêcher de sortir. Oui, il pleuvait et oui, elle pouvait tomber malade si sa sortie s'éternisait trop. Et, il le savait aussi bien qu'elle, ses sorties duraient toujours plus longtemps que prévu. Elle avait beau piailler sa rage, qu'il campait sur ses postions. L'enfant se retrouvait donc là, profondément ennuyée, pronostiquant la course de gouttes qui glissaient sur le verre la séparant de l'extérieur.
Quelques minutes s'écoulèrent ainsi, dans un calme seulement brisé par les soupires de celle qui, d'habitude, empêchait au calme de prendre autant de place. La pluie avait presque cessée ce qui, lorsqu'elle sortit de sa rêverie, arracha un hoquet de joie à l'enfant. Elle délaissa donc la chaise sur laquelle elle avait pris place, et accouru vers son père. Elle le trouva, assit sur le canapé et plongé dans l'observation d'une télévision bas-de-gamme.
"Papa ! Il pleut plus ! Et même que le soleil il est revenu ! "
Sa voix résonnait d'un enthousiasme certain tandis que la gamine s'agitait en l'attente de la réponse de son interlocuteur. Celui-ci laissa un long souffle d'air traverser ses lèvres, beaucoup trop long aux yeux de sa fille qui marqua son impatiente par un "s'il te plait" presque inaudible qui soutira à son père le hochement de tête tant attendu. Il n'avait, maintenant, plus besoin d’énoncer les conditions futiles de sa sortie comme ne pas parler aux inconnus, ne pas trop s'éloigner ou encore "en pas s'approcher des personnes avec une valise grise". Eri les connaissaient par cœur et prenait plaisir à les réciter quand son père lui refusait l’accès à l’extérieur pour des "raisons de sécurités."
La gamine accourut donc dehors après avoir enfiler une veste. L'odeur de la récente pluie avait embaumé la totalité de la rue où les gens se mouvaient. Elle s'était toujours demandé comment un tel nombre de personne pouvait circuler en même temps, dans un même endroit, et de façon continue. Rares sont les moments où les rues de cette ville sont vides. Mais, cela était une source majeure de divertissement pour elle. Souvent, elle s'amusait à deviner l'endroit où ces gens se rendaient, si ils étaient en retard ou non ou encore si, eux aussi, n'était là que pour profiter de l'extérieur. Elle avait, au fur et à mesure de ces observations, que peu de personne se retrouvait dans cette dernière catégorie. Ici, personne ne semble prendre le temps de regarder autour de lui, d'observer ce qui l'entoure pendant ne serait-ce qu'une seconde. C'est peut-être quelque chose qui n’appartient qu'aux enfants, cette façon d'être à un endroit sans but précis si ce n'est passé le temps.
L’enfant sentit le temps se rafraîchir quand quand une brise froide vint fouetter son visage et rougit quelque peu ses joues. Son regard se porta sur le ciel qui, petit à petit, reprenait une teinte grisâtre qui eut le pouvoir d’invoquer une moue de tristesse sur son visage. Les quelques rayons de soleil qui, avant, parvenaient à franchir la couche de nuage, s’étaient évaporés. La gamine saisit donc la fermeture de sa veste cherchant à fermer celle-ci. Ce qui, au final, s’avéra impossible quand la fermeture se coinça. Elle releva donc les yeux de son vêtement et se dirigea aléatoirement vers l’une des personnes qui passait par là. Elle se présenta donc à cette dernière, tenant entre ses mains frêles la source de son problème.
« Excuse-moi, tu peux m’aider s’il te plait ? »